Layla Moget, directrice du L.A.C. de Sigean, a été intéressé par mon travail de découpage. Elle y a perçut le potentiel pédagogique d'une pratique. Les pièces déjà réalisées s'orientent délibérément vers l'esthétisme et le formalisme.
Je fuis les systèmes et j'essaie de toujours me renouveler, quittes à prendre des impasses. Ma production n'est pas hiérarchisée ou encore organisée. Cependant, le temps me permet de constater que le geste n'est peut-être abouti.
Replacer la pratique de la découpe et la poser en
tant que savoir-faire transmissible me permet de
requestionner la pertinence de ces pièces
réalisées au regard de ce qui devient l'histoire d'un geste.




Si dés le départ, le processus de découpage a été le moteur conceptuel énonçant les enjeux ( planéité du matériau et sa transformation dans l'espace )Il me semble devoir clarifier ce geste pour s'intéresser à son apparition plus qu'aux résultats spectaculaires que j'ai pu proposer. Si de déploiement de la surface devient dessin dans l'espace, elle tend à s'éloigner du geste pour devenir pure image, c'est à dire une image arrivée là comme par magie alors que l'intérêt de ce processus est bien de laisser apparent le geste et en constitue une esthétique a par entière. Cette recherche me permettra de créer un parallèle avec celle effectué par les élèves afin que mon atelier devienne aussi l'espace symbolique
Un jour avant, dans une boite en carton, les vieux restes d'une fête.
Mon atelier penche vers le nord. Apparemment la musique dérange déjà les voisins. Je vais donc écrire à voix basse mes doutes et mes questions au commencement de cette résidence.
Qu'est-ce que j'attends de cette expérience?

Mon intuition me conduit à chercher à m'approprier le contexte de l'école, c'est à dire lui faire résistance, ne pas se laisser s'englober. Le collège est un espace de transition, un lieu de confrontation entre le devenir adulte et le devenir père (je m'expliquerais plus tard sur cette idée). C'est une
hétérotopie (si l'on me permet d'étirer le terme de Foucault jusqu'au frontière de notre communauté), c'est à dire quatre murs où se juxtaposent deux espaces, l'un symbolique (berceau du Savoir et de la Culture) et l'autre réel (confrontation et déplacement).
Le collège s'est bien évidement "Entre les murs" (de François Bégaudeau), une vision des choses où se mélangent mes souvenirs d'adolescent et les clichés ou autres commentaires médiatiques qui se sont efforcés de dresser un état dramatique de la situation de l'éducation pour enfin parvenir à ce terme si cher à nos oreilles, celui de crise.
Il me faut donc dépasser la position figée du constat alarmant propre à servir tout les effets d'annonces spectaculaires et à cautionner le découragement général.

Il y a quelques jours en sortant par le portail principal du collège, je croise deux jeunes adossés à la grille. L'un d'eux m'interpelle et me dit: "Hey! M'sieur, il va faire péter un pétard en face de la vie scolaire!" Surpris de devoir représenter cette autorité uniquement prétexte à confrontation, je lui réponds: "Et bien, tu ne sais pas être responsable de tes actes?"
Un peu crispé, je n'attend pas de réponse et continue mon chemin.
Derrière moi, j'entends le pétard exploser.

Quelle est ma place dans ce collège?
Elle est là où circule la parole entre l'adolescent et l'adulte. Mais elle est déjà ambivalente en ce que je réponds à la fois au rôle d'artiste et celui d'intervenant (voire éducateur). Autant dire que pour moi, la notion d'artiste intervenant est une oxymore. Mais loin d'être stérile, c'est ce paradoxe qui crée l'intérêt de l'expérience, penser une interaction au sein de l'école qui s'ouvre à l'inconnu. J'ai donc une position paradoxale qui sera le point de départ de ma démarche artistique. Je ne vais pas répondre à une commande, je ne vais pas insérer ou formater mon travail dans le contexte scolaire. Je me place en tant que chercheur, j'ouvre des pistes, proposent des expériences, créer des laboratoires. Sans prétendre à vouloir révolutionner le système éducatif, ma présence dans ce collège peut permettre de fonder une expérience commune où le savoir se créer à partir de chacun.